25 avril 2020 6 25 /04 /avril /2020 18:05

Si nous n’appelons pas nos contacts autant qu’il le faudrait alors que le confinement est un temps propice, peut-être faut-il se demander pourquoi ? Qu’est-ce qui nous freine dans ce formidable moyen qu’est le téléphone pour faire avancer nos projets… ?

« Ce matin, plein d’allant après une nuit réparatrice, je me dis que je vais appeler mon réseau. Je suis dans une démarche de recherche : un job, une éventuelle mission de conseil ou encore des partenaires pour mes projets… Ces coups de fil sont utiles, mon avenir en dépend ! C’est décidé, j’appelle Untel que je m’étais promis de relancer. Mais soudain, je m’interroge : est-ce le bon moment ? peut-être est-il occupé… ne serait-ce pas mieux en fin de matinée… ? ou plutôt non, je vais l’appeler dans l’après-midi, mais pas trop tôt si d’aventure, il faisait une petite sieste (moi aussi ça m’arrive…) ; oui, c’est sans doute mieux, je vais l’appeler à 16h ! Bon, finalement, en réfléchissant, je me dis que la fin de journée, c’est l’idéal, c’est plus calme, il sera plus « dispo » ; mais attention, faut absolument que j’évite l’heure de l’émission d’actualité « C pas l’moment » parce que là, c’est sûr, il sera aux abonnés absents…! »

Mon semblable… reconnais-tu que dans cette stratégie « j’y vas-t-y, j’y vas-t’y pas », il y a comme un parfum de procrastination mâtiné d’un manque évident de clairvoyance ? Derrière la recherche du moment le plus propice, il y a en réalité ton hésitation, nos hésitations qui nous aident à ne rien faire. Elles plombent notre courage et diminuent notre confiance en nous enfonçant tout doucement dans un isolement qui ne mène à rien. Les prétextes pour ne pas appeler sont légion et nous sommes très ingénieux pour en trouver.

Sachons d’abord reconnaître que ces prétextes fonctionnent comme une fausse empathie envers ceux que nous voulons appeler. Pire, celle-ci nous empêche d’oser. C’est pourquoi au lieu d’imaginer ce que font les gens au moment où nous décidons de les appeler, nous ferions mieux de réfléchir sur ce qui nous fait repousser ces appels, voire y renoncer. D’abord en examinant les conditions d’un bon échange téléphonique consistant à offrir à son interlocuteur l’occasion de parler de lui afin de pouvoir, ensuite, lui parler de nous… Puis en creusant les deux difficultés majeures d’une telle démarche téléphonique : notre tendance à « remettre à demain… » et notre manque de clairvoyance quant aux difficultés d’utiliser notre téléphone.

Sur notre procrastination : ne nous y trompons pas, si nous privilégions cette attitude, si nous n’osons pas appeler, c’est d’abord et avant tout parce que nous ne sommes pas sûrs de la façon dont nous allons nous y prendre : appeler qui, comment et pour dire quoi… ? Nous faisons rarement de ces appels une action prioritaire structurée, programmée comme une priorité. Nous appelons quand nous avons le temps, parfois en marchant, en courant, en pédalant… bref entre deux portes si l’on peut dire. Sans comprendre que dans cet exercice, la concentration est au contraire primordiale : si je dois passer 10 appels, il faut que je m’isole une heure et que je ne fasse que cela pour obtenir le meilleur résultat. Peut-être n’aurai-je pas les 10 contacts au bout du fil mais si j’en ai eu 2 ou 3, j’aurai ce que je cherche : des infos, de nouvelles pistes, de nouveaux contacts et… de quoi me donner envie de recommencer !

En fait, nous sommes trop souvent dans l’improvisation au lieu d’être prêts comme l’est un sportif juste avant l’épreuve !

Sur notre manque de clairvoyance : nous sommes généralement dans l’illusion. Suréquipés sur le plan technique, nous croyons maîtriser le maniement de cet outil sans voir clairement toute la complexité du versant très particulier de cette relation interpersonnelle. Avons-nous par exemple pris le temps d’écrire une trame envisageant les différentes étapes et voies possibles de l’entretien, de telle sorte qu’à chaque fois qu’un vide se fera sentir comme cela arrive souvent, nous ne serons jamais pris au dépourvu… ? Avons-nous par exemple bien réfléchi aux premiers mots qui doivent permettre au dialogue de s’installer sous les meilleurs auspices ; à ce que nous voulons dire précisément ; aux différents temps d’un tel entretien : le questionnement sur ce que notre interlocuteur devient en ces temps difficiles de confinement ; puis ce temps de partage de ses sentiments et interrogations ; avec enfin un temps pour rappeler ce que nous-mêmes faisons, ce sur quoi nous travaillons, quels sont nos projets, quel job, quels clients nous recherchons, etc. Bref, avons-nous songé un tant soit peu aux aléas d’une telle discussion ?

En fait, nous ne sommes pas suffisamment formés et entraînés à cet art du téléphone comme ceux qui ont eu la chance de suivre des formations commerciales longues et pointues.*

Le confinement, soyez-en sûrs, est un temps idéal pour appeler nos contacts. Aussi, pour diminuer notre tendance à la procrastination et au manque de clairvoyance sur nos difficultés, comme un scénariste qui envisage le futur, formalisons, formalisons… puis entraînons-nous. Vous verrez, au moment d’appeler, la confiance sera au rendez-vous !

Yves Maire du Poset

*Cette compétence spécifique, faut-il le rappeler, est si peu considérée en France qu’elle ne relève d’aucune formation académique.

 

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